Les 15 articles de ce numéro explorent différents aspects du vieillissement des personnes en fonction du genre. Plusieurs d’entre eux montrent que les inégalités entre hommes et femmes ne disparaissent pas avec l’âge. Par ailleurs, les femmes âgées sont souvent invisibilisées, notamment dans les recherches scientifiques. Le numéro aborde aussi les dimensions sociales, psychologiques et sexuelles liées au genre chez les personnes âgées. Pour poursuivre la réflexion autour de ce numéro, suivez le webinaire du 2 octobre, de 13 h à 14 h.

Le vieillissement ne protège pas des inégalités de genre, voilà ce que disent en substance plusieurs des articles de cette première partie. S’agissant du sport et des pratiques sportives, leur accès demeure plus compliqué pour les femmes que pour les hommes au troisième âge, en raison notamment de difficultés socio-économiques plus importantes. Dans le domaine des retraites, l’exemple suisse montre que malgré 25 années de tentatives de réforme vers un système plus égalitaire entre hommes et femmes, la « réalité de la division sexuelle du travail » demeure et se répercute au moment de la retraite. Quant aux violences faites aux femmes, une enquête sociologique menée auprès de 36 hommes et femmes de plus de 65 ans montre que les stéréotypes de genre persistent et favorisent les violences conjugales. L’article souligne également la faible représentation des femmes âgées dans le mouvement #Metoo.

Néanmoins, plusieurs articles viennent nuancer ce tableau : l’empouvoirement des femmes âgées existe, comme le montrent des entretiens réalisés auprès de femmes retraitées qui s’engagent dans les domaines associatifs et politiques et y exercent des responsabilités. Un autre article nous parle de ces « pionnières » qui les premières, dès les années 1990, ont soulevé la question du genre dans le vieillissement. Elles ont révélé un manque dans la recherche en sciences humaines et sociales : « Les études de genre ont (…) eu des difficultés à introduire la dimension de l’avancée en âge alors que, parallèlement, la gérontologie sociale fait peu entendre la « voix » des femmes âgées ». Enfin, la note de lecture du livre Sept vieilles dames et la mort évoque les parcours singuliers, souvent féministes, de femmes aujourd’hui âgées. Véronique Fournier leur donne la parole dans son ouvrage, où elles expriment leur volonté de pouvoir décider de leur fin de vie.

La seconde partie du numéro s’intéresse à la vieillesse comme expérience transformatrice, susceptible de faire évoluer les rapports et les équilibres entre hommes et femmes. Ainsi, les femmes et les hommes de plus de 60 ans utilisent autant Internet, mais leurs apprentissages et leurs usages diffèrent. L’article suivant s’intéresse aux soins aux autres, surtout assurés par les femmes issues de milieux populaires, dans la vie active puis dans la vieillesse. Contrairement à ce que peuvent laisser penser certaines représentations sociales, le genre ne s’efface pas avec l’âge, et les différences – physiques mais aussi sociales – sont à prendre en compte pour bien accompagner et soigner les personnes au cours du vieillissement. De la même façon, l’avancée en âge ne signe pas la fin du désir et des sexualités, mais elle conduit à des reconfigurations, comme en témoigne l’article sur la dynamique amoureuse chez les femmes âgées hospitalisées, qu’il est important d’entendre et de prendre en compte. Les « récits de vieillissement » soutenant le travail suivant apportent des données qui semblent montrer que les hommes âgés prennent plus soin de leur apparence et de leur santé que par le passé. Enfin, le dernier article s’intéresse aux pratiques amoureuses et sexuelles des hommes homosexuels de plus de 50 ans, qui évolue aussi avec le temps.