Ce nouveau numéro de La Lettre d’information « Recherche sur le vieillissement », éditée par la Caisse nationale de l’Assurance retraite, vient nourrir la réflexion sur les liens entre la recherche dans le champ des vieillesses et du vieillissement et les politiques publiques. Les auteurs racontent leurs propres expériences. Ils interrogent la manière dont la recherche en sciences humaines et sociales se saisit des politiques publiques, mais aussi sur la place qu’elle occupe dans leur élaboration et leur mise en œuvre.

Ce numéro de La Lettre d’information s’inscrit dans le cadre de l’École d’automne 2024 organisée par l’Institut des longévités, des vieillesses et du vieillissement. Ces journées d’études s’adressent en priorité aux doctorants et aux chercheurs en sciences humaines et sociales en début de carrière. Les articles de cette Lettre constituent un compte-rendu des communications et des échanges qui ont rythmé ces trois journées.
Produire et analyser des données
Des chercheurs « expérimentés » racontent les difficultés qu’ils ont rencontrées en travaillant sur des sujets liés aux politiques publiques. Antoine Bozio, économiste, maître de conférences à l’EHESS (École des hautes études en sciences sociales), explique comment il s’est trouvé « embarqué » dans de vifs débats médiatiques quelques années après la publication de sa thèse sur le système de retraite. Il regrette la « prise à partie des chercheurs quand les sujets sont clivants et/ou médiatisés ». Pour éviter cela, il conseille de « préférer l’expertise collégiale à un apport individuel ».
L’expertise portée par le chercheur
Pourtant, il est dans l’intérêt de tous les citoyens que les pouvoirs publics s’appuient sur les sciences sociales, explique Marie Beaulieu, qui a mené durant 40 ans au Québec des recherches internationales sur la maltraitance des personnes âgées. Elle raconte comment ses travaux et publications ont aidé à faire connaître ce sujet dans le monde politique et les discussions publiques, jusqu’à l’inscription en 2010 de la lutte contre la maltraitance dans le Plan d’action gouvernemental.
Des pistes existent pour concilier recherche et action publique, sans inscrire la production de données et les résultats dans un agenda politique.
Marie Mercat-Bruns, juriste et professeure de droit au Cnam et à l’École de droit affiliée à SciencesPo
L’apport des savoirs académiques dans les politiques de la vieillesse
La recherche en sciences humaines et sociales et les politiques sur le vieillissement semblent s’appuyer l’une sur l’autre pour évoluer. Les chercheurs apportent leur savoir et leur regard critique, ce qui aide à la fois les recherches et les décisions publiques. Aussi, il est important pour les chercheurs d’apprendre à « dialoguer avec des interlocuteurs mus par des objectifs et fonctionnements différents des leurs » (Marie Beaulieu). Tout en veillant à ce que leur travail ne soit pas utilisé à d’autres fins.