Les personnes âgées sans abri ou mal logées sont rarement évoquées en tant que catégorie spécifique. Pourtant, la vieillesse pénalise considérablement les marginaux. Les aides et les programmes de réinsertion qui existent ne sont pas ou peu prévus pour cette partie de la population.

Couverture du numéro Vieillissement, marginalité urbaine et mal-logement

Vieillir dans la rue : un thème mineur de l’action politique ?

La question des personnes âgées de la rue n’apparaît pas comme centrale, que ce soit dans les études ou dans le discours public sur la marginalité urbaine et le mal-logement. En outre, ce sont plutôt les jeunes marginaux qui attirent l’attention des chercheurs et des politiques. Pourtant, dans un monde de plus en plus urbanisé, le mal-logement ou l’absence de domicile correspondent à l’une des formes les plus extrêmes de la précarité. La crise sanitaire inédite liée au Covid-19 vient d’ailleurs de la révéler de façon frappante.

Marginalité et mal-logement des âgés : des logiques de réinsertion inadaptées

La marginalité urbaine comme le mal-logement des personnes âgées semblent dont impensés. Comment vivent les sans-domicile vieillissants au quotidien ? Comment ce vieillissement détermine-t-il les possibilités d’action au jour le jour ? Et que veut dire « se réinsérer » pour des sans-abri de 60 ou 70 ans ? Les programmes proposés passent souvent par la case « travail ». Ce type d’aide exclut d’emblée les marginaux âgés, dont le vieillissement est accéléré par une existence difficile. Ces derniers sont davantage préoccupés par leur survie et par la mise en place de routines pour y parvenir. Ainsi, la logique de « projet de vie » ne peut pas s’appliquer dans les mêmes termes qu’au début ou au mitan de la vie.

La routinisation du quotidien est à la fois une logique rationnelle de survie […] et un obstacle objectif à la projection de soi vers un autre avenir*

* Citation extraite de l’article de Thibaut Besozzi

Repenser la prise en charge des marginaux âgés

Les structures spécialisées dans l’accueil des personnes sans domicile sont incapables de prendre en charge des personnes vieillissantes. Celles spécialisées dans le grand âge acceptent difficilement d’accueillir des personnes très précaires. Le constat est clair : la prise en charge n’est actuellement pas pensée pour cette population particulière.

Aucun dispositif ne permet de prendre en charge dans l’urgence des personnes âgées dépendantes ayant perdu soudainement leur logement. **


** Citation extraite de l’article de Laureline Coulomb

Retraite et société souhaite rappeler les particularités de ces sans-abri que l’âge discrimine au quotidien et exclut le plus souvent des possibilités existantes de réinsertion.

Au sujet des coordinateurs

Thibaut Besozzi est ingénieur de recherche contractuel au Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche « Sociétés, Sensibilités et Soin » (LIR3S UMR 7366 CNRS-uB) à Dijon. Il est chercheur associé au laboratoire lorrain de sciences sociales (2L2S, EA 3478, UL), à Nancy. Il est aussi coresponsable du RT3 de l’AFS (« Normes, déviances et réactions sociales » et membre du réseau Aux Frontières du Sans-Abrisme (AFSA).
Hervé Marchal est professeur des université en sociologie (université de Bourgogne-Franche-Comté, LIR3S). Il est également responsable du Comité de recherche 01 « Identité, espace et politique » de lAISLF.

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